Les Taïwanais demandent un renforcement de la défense : Le soutien de l'opinion publique à l'augmentation des dépenses militaires progresse

Des préoccupations croissantes et des perceptions changeantes façonnent les priorités en matière de défense

Taipei, Taïwan – Une récente enquête révèle un changement significatif dans l'opinion publique à Taïwan, avec une majorité exprimant son soutien au renforcement des capacités de défense de l'île. Commandée par l'Institut de recherche sur la défense et la sécurité nationales (INDSR), le sondage met en lumière l'évolution des attitudes à l'égard de la sécurité nationale, des relations internationales et des dépenses de défense.

L'enquête indique que cinquante et un pour cent des Taïwanais soutiennent l'augmentation du budget de défense de Taïwan, dont quarante-quatre pour cent favorisent une "augmentation significative". Cela marque une hausse notable de quatre points de pourcentage depuis janvier 2025, représentant la première fois que le soutien dépasse le seuil des cinquante pour cent. L'INDSR, un groupe de réflexion affilié au ministère de la Défense nationale de Taïwan, a mené l'étude.

Publiées dans un rapport rédigé par Lee Kuan-chen (李冠成) de l'INDSR, les conclusions révèlent également une vision tempérée de l'imminence du conflit. Soixante-cinq pour cent des personnes interrogées considèrent qu'une attaque à court terme par l'Armée populaire de libération (APL) chinoise est "improbable" au cours des cinq prochaines années.

"Malgré l'intimidation militaire continue de la Chine, les attentes du public concernant une invasion à court terme restent calmes et rationnelles", a écrit Lee dans un résumé des résultats.

L'enquête a identifié la "menace de la Chine envers Taïwan" comme la principale préoccupation de sécurité nationale pour trente-trois pour cent des personnes interrogées au cours des cinq prochaines années, devançant la "crise de la baisse du taux de natalité" à vingt-sept pour cent et la "stagnation économique" à dix-huit pour cent.

Bien que la préoccupation globale concernant les menaces de la Chine ait augmenté, la confiance du public dans les forces armées taïwanaises est en baisse. Seuls quatorze pour cent ont exprimé une "forte confiance", contre vingt pour cent en septembre 2024, tandis que ceux qui n'ont "aucune confiance" sont passés de vingt-cinq à trente pour cent. Lee a suggéré que "les récentes affaires d'espionnage au sein de l'armée pourraient avoir accru les préoccupations concernant la gestion de la sécurité".

Le rapport a également examiné les perceptions des relations américano-taïwanaises. Trente-six pour cent des personnes interrogées pensent que ces relations vont empirer sous la direction du président américain Donald Trump, soit une augmentation de douze points de pourcentage depuis janvier 2025. Lee a attribué ce changement aux "incertitudes de la politique de Trump à l'égard de Taïwan", malgré les signaux de soutien constants de Washington.

Malgré ces inquiétudes, le soutien du public à la coopération militaire américano-taïwanaise reste fort, cinquante-neuf pour cent étant d'accord sur le fait que Taïwan devrait continuer d'acheter des armes et du matériel militaire aux États-Unis. Cependant, la confiance dans l'engagement de Washington en matière de sécurité s'affaiblit ; seulement quatorze pour cent pensent que les États-Unis interviendraient "certainement militairement", contre dix-neuf pour cent en mars 2024. Quarante-sept pour cent ont déclaré que les États-Unis sont "peu susceptibles d'intervenir".

En ce qui concerne le financement, quarante-neuf pour cent des personnes interrogées sont favorables à l'utilisation de "budgets spéciaux" pour augmenter les dépenses de défense, contre quarante-deux pour cent qui soutiennent "les hausses d'impôts" et trente et un pour cent qui favorisent la "réaffectation des ressources". Lee a écrit que la préférence pour les budgets spéciaux reflète le désir du public pour des méthodes "qui n'ont pas d'impact sur les autres dépenses publiques".

L'enquête, menée par le Centre d'études électorales de l'université nationale Chengchi (NCCU) du 4 au 9 mars, a recueilli 1 285 réponses valides grâce à des entretiens téléphoniques aléatoires avec des résidents âgés de 18 ans et plus, avec une marge d'erreur de plus ou moins 2,73 pour cent au seuil de confiance de 95 pour cent.